Tout le monde ne peut pas être accusé de pédophilie

Nota Bene du 24.02.2024 : lors de l’écriture de cet article, il y a près d’un an, je n’avais connaissance que de victimes (femmes) de réseaux pédophiles de structure bleue qui n’étaient pas passées à l’acte sur des enfants à leur tour. En prison et dans ma pratique privée, je n’ai jamais reçu d’homme bleu qui soit passé à l’acte sur des enfants suite à des traumatismes sexuels. Lors de l’écriture de l’article, je n’avais pas connaissance des faits de pédophilie qu’une certaine mouvance attribue (je pense à raison) à Barack Obama (s’il est bleu, mais il est probablement vert !) et à Bill Clinton. C’est lors de l’écoute de Anneke Lucas, survivante de réseaux pédo-satanistes, que j’ai compris que les structures bleues enrôlées dans ces milieux pouvaient passer à l’acte. Cette femme évoque en effet sa relation avec Patrick Haemers, un braqueur belge de structure bleue – qui l’a sauvée d’une mort certaine – et les faits qu’il a commis alors qu’elle était âgée de 9 ans environ. Il était en effet violent physiquement avec elle et a entretenu des relations sexuelles avec elle alors qu’elle était enfant et lui jeune adulte. Selon elle, et je n’ai aucune raison de ne pas la croire, elle était une esclave sexuelle du réseau dans lequel Haemers a lui aussi grandi.

Ainsi, je demande au lecteur de tenir compte du fait que le présent article s’attache à décrire le passage à l’acte de la part d’individus qui n’ont pas grandi dans la plus grande violence dont de telles sphères sont capables, mais au sein d’une famille nucléaire étrangère à ces réseaux spécialisés dans le contrôle mental. Pour plus d’infos sur les personnalités liées à ces réseaux pédo-satanistes, lisez mon article de blog suivant : « L’annonce fin 2023 d’une opération miliaire US en cours est-elle crédible ? ».

Dans le guide d’évaluation des compétences parentales que j’ai fait paraître sur Apple Books il y a de cela trois ans maintenant, j’évoquais que les structures psychiques ne sont pas égales en matière de passage à l’acte criminel pédophile. Les situations dans lesquelles les pères (en particulier) sont accusés à tort par leur ex-compagne d’avoir abusé de leurs enfants existent bel et bien, et sont dévastatrices. En effet, si les experts déterminaient précisément la structure psychique de ces pères, ils s’apercevraient que le passage à l’acte supposé n’a pas pu avoir lieu.

Dans le présent article, je reproduis le chapitre complet de mon guide consacré à cette question particulière.

Souvenez-vous du tableau qui place les couleurs structurelles en fonction de leur rapport à la Loi/loi. Automatiquement, vous comprendrez que les bleus n’abusent pas des enfants.

L’une des Lois que l’on nomme Lois œdipiennes est ce que l’on appelle « la reconnaissance de la différence des générations ». Cela signifie que tout humain symbolisant dont le psychisme est sain sait ceci : être un enfant ce n’est pas la même chose qu’être un adulte. En outre, il sait également que ce dernier statut implique des responsabilités vis-à-vis des êtres non finis de notre espèce.

Cela signifie également que le sujet qui reconnaît cette Loi prendra soin de manière naturelle de ses frères et sœurs moins âgés que lui, ou porteurs d’un handicap : en effet, les sujets bleus ont un sens inné des responsabilités vis-à-vis des plus démunis des membres de leur fratrie. Il arrive d’ailleurs parfois que ces enfants s’occupent des besoins de leurs parents lorsque ce sont ces derniers qui se montrent démunis. Lorsqu’ils tentent de le faire avec un parent capable, à l’occasion d’un moment de détresse que ce dernier traversera, la Loi reprendra place puisque tel parent rappellera à l’enfant que c’est lui qui est responsable de protéger son enfant (et pas le contraire). Dans un monde de bleus, les Lois œdipiennes régulent les relations entre les membres d’une famille et permettent que les rôles de chacun soient correctement alignés. Vivre entre bleus, c’est toujours tendre vers ce qui est juste. Vivre avec des verts ou des roses, c’est sans cesse tendre vers un contre-sens à ce qui est juste.

Partant, ce sont les sujets sociopathiques qui passeront à l’acte sur des enfants et oublieront à la fois le rôle qu’ils sont censés jouer auprès des sujets en développement de notre espèce, ainsi que l’immaturité sexuelle et l’incapacité à consentir à une relation sexuelle propre à tout enfant.
Qui sont donc les individus que je définis comme « sociopathiques » ? Et bien, ce sont tous ceux de notre espèce qui connaissent certaines règles mais qui n’ont pas intégré les Lois symboliques (donc les structures roses) ainsi que tous ceux qui sont dans l’ordre du symbolique mais dont les normes internes ont dévié, ou se sont élargies, sur certains sujets (donc les sujets verts, sujets transgressifs).

Précisons : tous les roses et tous les verts ne passeront pas à l’acte sexuel sur des enfants. Certains seulement. Mais si vous avez face à vous un individu d’une telle couleur, et qu’un soupçon pèse sur lui à ce sujet, vous devez poser l’hypothèse qu’il ait pu le faire, en première analyse. Par contre, aucun sujet bleu de structure ne l’a jamais fait à ma connaissance, ce qui est compatible avec le modèle selon lequel l’individu bleu respecte les Lois œdipiennes. Un auteur, Hubert Van Gijseghem, évoque dans l’un de ses ouvrages relatifs à la typologie des agresseurs sexuels (La personnalité de l’abuseur sexuel, 1988) la possibilité d’un tel passage à l’acte chez le sujet névrotique (bleu). Mais il précise que ceci est très rare, que cela a lieu en général pendant une phase dépressive de l’auteur, et sera non réitéré. Personnellement, j’ai en mémoire deux situations seulement impliquant un sujet bleu : un homme condamné par la justice qui entretenait à 19 ans des relations consenties avec une jeune fille de 15 ans (elle n’a pas porté plainte, le « délit » a été poursuivi d’office au nom de la loi selon laquelle l’écart d’âge était trop important) ainsi qu’une situation de dérapage contrôlé très rapidement entre un beau-père et sa belle-fille devenue pubère (une seule caresse trop explicite puis le retrait total de l’auteur qui a de suite mesuré l’ampleur de la portée de son acte). Le sujet bleu qui dérape une fois ne le fera plus, puisque son économie psychique est basée sur le sentiment de culpabilité.

Notez bien ceci : le risque de passage à l’acte sexuel sur enfant ou de viol d’un adulte, de la part d’un sujet de structure psychique bleue, m’apparaît nul.
Par contre, il existe bien des sujets bleus qui ont tué leurs enfants, dans un contexte dissociatif. J’évoquerai ce point en détail dans l’ouvrage à paraître que je consacrerai au profilage criminel.

Cela ne veut pas dire que les sujets bleus ne peuvent pas fantasmer des actes sexuels avec des enfants. J’ai en mémoire le témoignage d’un homme (vous le trouverez sous le prénom de Badredine dans ce documentaire) qui avait été abusé a partir de l’âge de trois ans, et qui fantasmait sur les fillettes de cet âge, mais qui craignait comme la peste de passer à l’acte. Devaient s’être liés chez lui, au moment du traumatisme subi, pulsion sexuelle en développement et plaisir physique lié à toute stimulation des zones érogènes. Un travail psycho-sensoriel accompagné par un professionnel et revisitant les abus pour traverser le traumatisme devrait lui permettre de se débarrasser de ces fantasmes qui le handicapent.

En matière de maltraitance à enfants, les abus sexuels prennent une place toute particulière. La légitimité de frapper un enfant se discute encore parfois entre ceux qui considèrent que tout châtiment corporel est inadmissible et ceux qui pensent qu’une baffe ou une fessée « n’a jamais tué personne », et d’ailleurs la jurisprudence suisse accepte un « droit de correction » dans certaines circonstances. Mais le fait d’entretenir des relations sexuelles avec des enfants, ou de les approcher sexuellement (attouchements), en particulier lorsqu’il s’agit des siens, relève du tabou ultime.

Par ailleurs, moult précautions sont prises dans ces situations. Les intervenants en protection des mineurs le savent bien : la nécessité d’un témoignage non influencé des enfants dans ces situations permet aux professionnels de retirer un enfant aux bons soins de ses parents sans les en informer au préalable comme il est d’usage. En effet, dans ces cas, la police prend rapidement le relais pour entendre les enfants dans des conditions strictes, souvent en présence d’un psychologue détaché pour l’occasion, et filme leur témoignage.

En matière d’agressions sexuelles ayant lieu à l’extérieur de la famille, le risque qu’un enfant soit victime augmente lorsque ses parents présentent des écueils au niveau de leurs capacités parentales. En effet, celui qui a grandi dans un milieu sécurisant se sent en confiance à la fois pour rapporter à ses parents toute tentative à son encontre, mais également pour ne pas céder à la menace si fréquemment utilisée par les auteurs d’abus pour maintenir l’enfant dans le secret par le silence en cas de passage à l’acte (« Si tu parles, tu iras en prison/j’irai en prison/tes parents auront des problèmes »).

Je me souviens d’un auteur d’abus sexuels vert dont j’assurais le suivi et qui me disait que ses victimes étaient choisies parce qu’elles étaient livrées à elles-mêmes. Ainsi, un abuseur peut facilement se frayer un chemin vers sa proie quand l’un ou les deux parents de l’enfant victime sont des sujets de structure rose, puisque ces derniers n’offrent pas de protection à leur progéniture. Souvenez-vous de ce qu’il s’est passé pour les victimes de Michael Jackson qui s’expriment dans le documentaire déjà cité. D’après l’analyse que j’ai faite de la situation, ces hommes avaient tous les deux un père rose. Comme déjà souligné, aucun homme bleu n’aurait laissé son garçon passer toutes les nuits de sa jeune vie dans la chambre d’hôtel d’un homme adulte.

Il arrive également que les faits se produisent sous le toit des parents roses : ces derniers sont en effet pour la majorité d’entre eux incapables d’anticiper ce qu’il se trame dans la chambre de leurs enfants ou de leurs proches installés à la maison, mais également d’entendre les signes de détresse des petites victimes.

Ce qui est profondément injuste, c’est le fait que ce sont d’abord les enfants qui sont déjà fragilisés par leur milieu familial qui seront abusés.

Les traumatismes vécus par les enfants abusés sexuellement les suivent leur vie entière, mais de manière différentielle en fonction de la structure. Le sujet bleu fera tout pour ne pas passer à l’acte quand les deux autres structures seront moins regardantes… du fait de leur défaut relatif au sentiment de culpabilité et à la notion de responsabilité d’un adulte envers un enfant.

En cas d’abus sexuels dans l’enfance, les hommes bleus deviennent inhibés dans les relations sexuelles ou violents physiquement avec des hommes adultes qui représentent un danger. Ils peuvent également fantasmer un passage à l’acte sur enfant à cause de la trace en mémoire de l’excitation alors vécue en tant qu’enfant. Mais ils ne toucheront pas un enfant. Les hommes roses répètent le trauma sur d’autres enfants. Chez les verts, cela dépend de la construction de leur fétiche : si leur objet sexuel fétiche est un enfant, ils n’auront de cesse de passer à l’acte. Ce qui fera d’eux des prédateurs redoutables pouvant faire un très grand nombre de victimes, prédateurs d’autant plus redoutables qu’ils sont capables de manipuler de manière très subtile leurs proies afin d’obtenir leur confiance et de passer à l’acte en toute inquiétude.

Je ne possède pas suffisamment de données cliniques liées aux femmes auteurs d’abus sexuel pour en dire davantage sur cette catégorie particulière qui est peu étudiée, mais les caractéristiques structurelles s’appliqueront évidemment.

Cliquez sur l’image pour accéder au guide complet sur Apple Books

Acte III – Les Cantat et les Trintignant

Noir Désir.
LE groupe de rock qui a accompagné mon adolescence, et quelques années suivantes aussi.
Pendant des lustres, « Ernestine » a été mon pseudo sur Internet. J’aimais bien celle que le chanteur dépeint. Et c’est si beau, ce violon, dans un morceau de rock comme celui-là…

En concert, Bertrand Cantat donne, il se donne, mais en même temps il puise de l’énergie auprès de son public, pour entrer en état de transe.
Bertrand Cantat donne, mais il prend aussi. Il donne des sensations, le vertige. Mais il prend la vie.

Un dilemme nous assaille alors : doit-on le condamner à jamais pour les vies qu’il a prises ?

Ecoutez cette voix. Cette intensité. Cette sensibilité.
Nous autres anciens fans, avons-nous le droit de garder pour lui un certain attachement, lui qui nous a offert ce qu’il a de meilleur en lui ? Et puis, surtout, l’on doit se demander : s’il n’avait pas cette autre part, cette part sombre, cette ombre, serait-il capable de nous donner ceci ? :

« Emmène-moi danser
Dans les dessous
Des villes en folie
Puisqu’il y a
Dans ces endroits
Autant de songes
Que quand on dort
Et on n’dort pas
Alors autant se tordre
Ici et là 
Et se rejoindre en bas
Puisqu’on se lasse de tout
Pourquoi nous entrelaçons-nous ?
(…)
Emmène-moi, emmène-moi
On doit pouvoir
Se rendre écarlates
Et même
Si on précipite
On devrait voir
White light white heat
Allez enfouis-moi
Passe-moi par dessus tous les bords
Encore un effort
On sera de nouveau
Calmes et tranquilles
Calmes et tranquilles
Serre-moi encore
Serre-moi encore
Etouffe-moi si tu peux
Serre-moi encore
Nous les écorchés vifs
On en a des sévices… »

Et ceci… et ça… mais aussi ça !!
Et puis, wouah !, celle-là

On peut ne pas aimer. Moi je frissonne…

Faut-il avoir beaucoup souffert pour créer ainsi ? Cantat, c’est sublime et violent à la fois.
C’est : à la fois. Il est bien possible que l’un n’aille pas sans l’autre. Je vais tenter d’illustrer comment, pourquoi.

Dans l’affaire qui concerne Marie Trintignant d’abord, il y a un seul coupable mais il y a une foule de personnes impliquées. Comme dans toutes les affaires. En effet, les expertises psycho-légales que je mène depuis maintenant vingt ans le confirment.

Je vais tenter d’expliquer comment les protagonistes, soit les amants d’abord, mais également les membres de leur entourage, ont joué un rôle dans le drame. Mes analyses se basent sur les vidéos toujours en ligne sur Internet des victimes, et des proches des familles Cantat et Trintignant. Et sur l’excellent et précis ouvrage de Bouchet et Vézard, Bertrand Cantat Marie Trintignant. L’amour à mort, paru en 2013.

Bertrand a très probablement grandi avec un ou des parents de structure rose (pour l’utilisation des couleurs pour désigner les structures psychiques, utilisation qui facilite l’explication, lire l’Acte I). En effet, sinon comment comprendre sa couleur à lui ?

Il est encore compliqué pour moi de comprendre la raison pour laquelle Bertrand Cantat est devenu vert. En effet, son grand frère Xavier semble être bleu. J’avais d’abord posé l’hypothèse selon laquelle Xavier n’avait pas pu protéger son cadet contre un changement de couleur parce qu’il était lui-même rose… Mais je me suis trompée. J’ai soumis l’analyse de la vidéo de son interview par Ardisson à mes collègues expertes, parce que je n’étais pas certaine d’avoir bien à faire à un individu non symbolisant… Xavier a écrit un livre pour défendre (comme le fera tout aîné bleu qui se respecte) son frère cadet contre les imprécisions dont il est la cible, tout en reconnaissant la gravité du crime de son cadet. J’avais pris ce que je pense être un état dépressif au moment de l’interview pour ce qu’il n’était pas (une structuration non symbolisante).
Mais il reste pour moi une énigme parce que j’avais posé l’hypothèse que l’aîné protège le cadet contre le changement de couleur (de bleu à vert)…
Alors, Xavier était-il absent lors de l’enfance de Bertrand ? Est-ce que leur petite différence d’âge (un an seulement) en est la raison ? Et puis comment Xavier, lui, a-t-il pu résister au changement de couleur ? Peut-être parce que Bertrand est beaucoup plus intense que lui… il y aurait donc un impact différentiel de la structuration psychique parentale fonction de la sensibilité de l’enfant…

L’impact du mode de fonctionnement du rose sur celui d’un individu qui est né bleu est invisible à l’œil nu. Mais il est radical : il modifie profondément le rapport aux autres. Il fait, au fil des semaines, des mois et années d’enfance, son œuvre de transformation profonde, sans que personne ne le sache. Il rend vert un individu qui était né bleu. Pourquoi ? Comment ? Parce que le cerveau du petit Bertrand est blessé sans cesse par manque de compréhension entre deux systèmes langagiers différents et incompatibles : le sien et celui de sa ou de ses figures parentales.

Le rose est dans un discours qui prend le texte au pied de la lettre (voir cet article de blog pour l’explication). Le bleu, lui, est le spécialiste du discours qui ne dit pas clairement ce qui devrait être dit. Le vert appartient au monde psychique du bleu, mais son discours (et sa psyché) a subi les affres des blessures quotidiennes infligées à son être : alors il est plus lucide, plus narcissique, il s’épanche et se plaint, il crie aux monstres et aux voleurs, et il peut se montrer trash. Il n’hésitera pas à critiquer, à mépriser autrui. Mais il peut rester poète. Un poète transgressif et orienté sur lui.

Bertrand, enfant, individu haut potentiel (intense), donc hypersensible, n’a pas pu résister à l’assaut du discours rose. Il opposera la poésie du sujet symbolisant au discours sans relief du rose. Ce n’est pas toujours ainsi : je connais des êtres qui sont restés bleus bien qu’ayant grandi avec des parents roses. Je n’ai pas encore compris par quel mécanisme, sauf que j’ai pu observer qu’ils ont en commun de s’être postés en contre. Et qu’ils présentent un style d’attachement non sécure et butent sans cesse contre un même mur, dans les relations qu’ils entretiennent avec leurs objets d’attachement. Ils ont toutes les caractéristiques des êtres traumatisés (pour une image du type de personnage, regardez comment Tokyo se comporte dans la série espagnole La casa de papel).

Bertrand est donc devenu un adulte vert : alors, il est dans la distorsion relationnelle. Il se plaindra de l’attitude des médias dans son interview accordée aux InRocks après la mort de Marie. Il refera l’histoire par distorsion mémorielle, parce que cela arrange son narcissisme, auprès des membres du groupe outrés par cette nouvelle attitude de retrait de responsabilité lorsqu’il évoquera à nouveau cette nuit-là, à Vilnius. Et il leur dira qu’ils surfent sur la vague de sa notoriété à lui. C’en sera fini du groupe Noir Désir et du mensonge, ce mensonge demandé par Kristina Rady sa femme pour cacher le passé de violences de Bertrand auprès des tribunaux lituaniens. Et des médias.

Ils auraient cru à la possibilité pour Cantat de se soigner. Combien de temps ai-je cru moi aussi à cette capacité  d’amendement ? La vérité, c’est que seuls les bleus avancent dans les psychothérapies que je mène. Et que j’ai menées en prison.

Dans le giron des proches, on évoque à raison l’emprise de Bertrand sur les autres : par le verbe, et les menaces de suicide manifestement. Par le verbe, le frère de Marie l’a expérimenté, cette fameuse nuit. Lui qui, dans l’après-coup, ressentira un vécu de trahison.

Kristina en est morte elle aussi. De cette emprise.
Qui protégea les deux victimes de Cantat ? Pas les mères de ces femmes en tous cas. J’y reviendrai.

A Marie maintenant.

Marie, donc, l’une des victimes de Cantat, une femme discrète et tendre, mais qui possédait un fort caractère derrière ces apparences. Ce qu’elle n’a pas compris, c’est qu’on n’agresse pas un homme à bout psychologiquement et physiquement, un homme à terre, parce qu’il deviendra un animal prêt à sauter sur la source de l’agression. J’ai déjà vu un homme de structure saine (bleue) tuer la femme qu’il aimait : il l’a étranglée parce qu’elle-même l’avait mis dans une position insoutenable, une double contrainte. En effet, elle lui expliquait qu’elle se trouvait entre lui et son amant, sans pouvoir choisir, puis lui déclama « Cornuto » (cocu)… avant de perdre la vie.
Ce qui est davantage imputable à la structure psychique de Cantat (verte), c’est la non assistance à personne en danger, soit une exigence interne à se représenter Marie hors de danger. Parce que se la représenter en danger de mort, la nuit du drame, aurait amené Cantat à reconnaître son propre potentiel de violence, ce qui n’est pas compatible avec son besoin narcissique (soit la façon dont il a besoin de se représenter lui-même pour ne pas sombrer dans un sentiment profond d’être un moins que rien).

Des mères qui ne savent pas protéger leurs filles, j’ai dit.

En effet. Manifestement, Nadine ne s’est pas inquiétée pour Marie. Même après ce SMS de sa fille pendant le tournage à Vilnius signé « Fifille battue ». Les roses ne décodent pas bien le discours des bleus, qui n’est jamais très clair il est vrai, et qui est plein de pudeur. Pourtant, tout le monde avait l’air de dire que Marie se comportait différemment de d’habitude, qu’elle était peu présente pour les événements sociaux durant ce tournage. Lambert Wilson a observé une relation immature entre les amants. Bertrand se serait confié à Nadine sur sa relation difficile avec Marie. Il y a fort à parier qu’il attendait de la mère de son « amour », comme il disait, une forme de reconnaissance et une place dans cette famille. Mais le rose ne décode pas les attentes des bleus et des verts. Pour exemple, cette scène observée entre un enfant bleu de huit ans et sa grand-mère rose : le premier dit « Regarde Grand-maman, j’ai grandi, je fais presque ta taille », et la dame âgée de répondre : « Non, tu es plus petit que moi ».

Problème de langues…

Nadine, elle, n’aurait réussi qu’à rappeler le fort attachement qui unissait sa famille à Samuel Benchetrit, l’ex-mari de Marie. Et elle énonce cela à un Cantat rongé par la jalousie. Pas très malin, on dira…
Oui. Sauf que lorsqu’elle fait cela, elle ne sait pas qu’elle fait cela.

Je peux bien entendu expliquer comment je diagnostique la structure de Nadine Trintignant. Les éléments les plus probants sont dans son discours : pensée sans nuances (cf. son livre à charge contre Cantat, « l’assassin »), argumentaire ne respectant pas les règles de la logique, par difficulté à traiter l’hypothétique (selon elle, qui a cherché dans les archives de l’Histoire !, il n’y a pas de précédent de remontée sur scène pour un meurtrier, ce qui justifierait en soi que Cantat en soit privé), rapport à son enfant ne respectant pas les stades évolutifs de chacun (« Marie, tu seras toujours dans mon ventre », aurait-elle déclaré lors de l’enterrement de sa fille). 

Ce type de discours vous paraît anodin, sans impact ? Imaginez pourtant une enfant bleu intelligente se débattre avec l’argumentaire manichéen et la pensée « délirante » de sa figure d’identification, toute son enfance (et sa vie d’adulte…). Ça, c’est l’enfance de Marie. Heureusement qu’elle avait Jean-Louis pour pouvoir expérimenter un son de cloche différencié.

La mère de Kristina, elle non plus, ne bougera pas. Alors même que sa fille lui laissait, six mois avant sa mort, un message vocal qui dit tout de sa détresse. Qui dit tout, ou presque tout : pudeur de bleu, pudeur qui met en danger ! Oui, il faut dire clairement les choses aux gens, si vous voulez être protégé ! Parce que certains êtres humains ne savent pas lire entre les lignes.
La mère de Kristina se range maintenant du côté de Cantat…
Cette mère qui, de son propre aveu, reconnaissant ne pas savoir se défendre, nous apprendra dans le même temps qu’elle n’aura évidemment pas su transmettre cette compétence à son enfant…

Dans une interview accordée à la télévision, Jean-Louis Trintignant évoque que, depuis le décès de sa fille survenu il y a de cela quinze ans déjà, il ne fait qu’aller toujours plus mal. Et cela se voit. On souffre pour cet homme, de le voir ainsi.

Avec son nouveau groupe, Détroit, Cantat chante Ange de désolation :
« Dors mon ange
Dors
L’éternité nous appartient
(…)
Rien ne pourra jamais nous enlever nos frissons »

Il lui a enlevé la vie mais il pense à leurs frissons.
Dans cette chanson, on sent qu’il a besoin de dire qu’elle lui appartient.

C’est vrai : rien ne lui enlèvera ce qu’ils ont partagé. Mais, dans ce texte, aucune parole de remord.

Ce texte me met très mal à l’aise. Je n’aime plus du tout ce que fait Cantat.
C’est indécent.
L’on se dit : mais comment ose-t-il ? Se plaindre des porcs ? Alors qu’il a tué.
En l’écoutant chanter, je suis… dégoûtée.
A contrario, j’avais été tellement frappée par le sentiment de respectabilité qu’un ancien patient détenu m’avait inspiré : il m’avait informée qu’il ne viendrait plus à ses séances de psychothérapie parce que cela le mettait en position de se dédouaner pour le meurtre de la femme qu’il avait aimée, et qu’il trouvait cela inacceptable. Voilà comment réagit un homme bleu.

Et, partant, voilà pourquoi l’attitude de Cantat, quant à elle, choque nos âmes humaines.
Ne pas voir sa part, exprimer la part de l’autre. Se plaindre.
C’est vert. C’est tellement terriblement vert.
Ou comment se dédouaner de sa culpabilité écrasante.
Pour y survivre.

Sans doute comme quand Xavier Dupont de Ligonnès estime, en son for intérieur, qu’il doit épargner à sa femme et à ses enfants la souffrance en choisissant de les tuer plutôt que de les laisser sans le sou. Et sans lui, qui choisit de survivre. Et de continuer son chemin.

C’est tellement terriblement vert.

Mais qu’y peuvent-ils, ces êtres, au fond, d’être devenus verts ?
Destins brisés. Brisant la destinée d’autres êtres…

Je pleure.

Acte II – Michael Jackson

Voici une affaire qui suscite grand débat du fait de la célébrité de l’auteur présumé, et qui pose cette question : Michael Jackson était-il à la fois ce génie musical et un homme capable d’abuser d’enfants, dont le plus jeune accusateur connu aurait eu 7 ans au début des abus ?

La réponse est dans le documentaire réalisé par Dan Reed en 2019, Leaving Neverland (les deux épisodes de ce film – chacun de deux heures – sont visibles sur vimeo, le 1er ici en français, le 2e actuellement introuvable, vu en anglais). Les témoignages des membres de la famille des victimes et des victimes elles-mêmes sont si riches d’enseignements que ces quatre heures constituent un document exceptionnel pour qui veut comprendre la clinique des abus commis par un sujet non symbolisant (voir cet article pour la définition) et le lien qui peut attacher les victimes à celui qui ne respecte pas les lois fondamentales d’une société humaine.

En préambule, je conseille au lecteur qui n’est pas prêt à entendre la vérité sur Jackson de s’abstenir de lire ce texte ou de regarder le documentaire de Dan Reed. Par respect pour les victimes. Et parce que certains passages du film sont insoutenables. Si le lecteur préfère garder une bonne image de Jackson, qu’il le fasse. Personne n’est obligé de se confronter à la maltraitance que certains membres de l’espèce humaine sont capables de faire subir à leurs propres congénères. Par contre, le lecteur qui veut savoir comment cela est possible, et à quel point le sujet de l’abus sexuel sur mineurs est mal compris et les actes mal interprétés, ressortira de cette analyse avec de nouvelles clés de compréhension.

J’évoque déjà les faits imputés au chanteur dans l’article précédemment cité et qui concerne la structure rose (pour les couleurs, voir l’Acte I).

Je souhaite dès lors ajouter dans le présent texte, spécialement consacré à cette affaire, quelques points qui méritent notre attention. Si je peux valider l’hypothèse de la culpabilité de Jackson, c’est d’abord parce que les victimes qui témoignent dans le document de Dan Reed sont parfaitement crédibles. Et que leur récit, ainsi que ceux de leurs proches, éclairent en tous points les mécanismes à l’oeuvre.

Il s’agit de deux hommes de structure bleue (structure névrotique, qui est la structure normale de l’être humain), intelligents, dont les récits évoquent une forte loyauté et un fort attachement à Michael Jackson. L’on est frappés par la dénégation, chez ces jeunes hommes, durant de si longues années, des abus subis. D’abord, il s’est agi pour ces victimes de comprendre qu’il y avait bien eu « abus », et qu’il ne pouvait s’agir d’une histoire d’amour qu’alors enfants ils auraient entretenue avec un homme de près de quarante ans. De plus, ils craignaient, en avouant avoir entretenu des relations sexuelles avec le chanteur, que ce dernier ainsi qu’eux-mêmes aillent en prison, comme Michael Jackson le leur avait prédit.

En effet, les deux témoignages concordent sur ce point : Jackson s’assurait le silence de ses victimes en leur faisant peur que non seulement sa vie mais aussi celle de ses victimes soit foutue. Il est même fort probable qu’il croie sincèrement dans le fait que les relations sexuelles entre un enfant qu’il aime et lui soit la façon adéquate de se montrer de l’amour. Selon le discours propre à la structure de l’auteur des abus, il n’était pas question de « faire du mal » à des enfants. Apparemment, il n’a pas exercé de contraintes autres. Il n’en avait pas besoin du fait de son aura.

Il semble en effet que les victimes n’aient pas, sur le moment, vécu ces relations sexuelles comme violentes. La clinique nous apprend que le sujet rose pense sincèrement ne pas faire de mal. Chez beaucoup de sujets qui appartiennent à cette économie psychique, la réalité des relations humaines, avec son cortège d’interdits bien connus des individus bleus (règles œdipiennes) est malléable et fonction des besoins propres.

Bien entendu, le fait que les relations sexuelles aient été menées sans violence ne signifie aucunement qu’elles n’ont pas eu d’impact traumatique. En effet, dans une économie psychique bleue, il est parfaitement interdit d’entretenir des relations sexuelles avec un enfant. Dès lors, il est très difficile pour les victimes de vivre avec cette ambivalence dans laquelle elles se sont trouvées d’éprouver de l’amour pour un être qui avait osé leur faire cela. Mais il semble que ce soit surtout dans l’après-coup (lorsque ces jeunes hommes ont réalisé, en grandissant, l’aspect inacceptable de la chose) que ces victimes ont le plus souffert des événements. D’autant que la jalousie apparaissait en eux à chaque fois que Michael Jackson s’entichait d’un autre enfant

La façon dont Michael Jackson est décrit, et les multiples éléments biographiques relatifs à la star, sont parfaitement compatibles avec la structure non symbolisante, soit l’une des deux structures psychiques en cause dans les abus sexuels sur mineurs (l’autre structure représentée dans ces situations est la structure verte). Par ailleurs, ce mode de structuration psychique comporte une facette toute particulière : un comportement qualifié fréquemment d’infantile ou d’immature. Ce sont des êtres démunis sur le plan psychique qui suscitent chez les sujets bleus, qui sont de véritables saint-bernards dans l’âme, surtout s’ils sont haut potentiel, une propension à les protéger.

Les mères des victimes, des femmes de structure bleue, sont également tombées dans ce travers avec la star : elles n’ont pas su protéger leur enfant parce qu’elles ont pris Michael pour l’un de leurs enfants, capables d’accueillir Michael comme un membre de la famille, répondre à ses appels tous les soirs lorsqu’il était éloigné de cette famille et lui faire sa lessive lorsqu’il venait à la maison.

Michael entretenait avec les familles de ses victimes une relation d’objet typique des roses, qualifiée d’anaclitique par certains auteurs psychanalytiques (cf. Jean Bergeret), donc d’appui sur l’autre pour supporter la vie et ne pas décompenser. Le rose établit une relation d’objet en mode « un seul être comble le besoin » (Michael n’avait pas d’amis), et donc il n’entretient pas un réseau social élargi comme le font le bleu et le vert : Michael compte sur ces enfants pour ne pas être seul et ne pas déprimer (comme Marilyn Monroe sur les hommes), et il sanglote avant le départ de Wade Robson (l’enfant australien) parce que la star restera seule à cette occasion. Michael semblait réellement à la recherche d’une famille dans laquelle il pourrait s’épanouir, comme un enfant orphelin. Mme Safechuck (la mère de James, l’enfant américain) l’a ressenti ainsi, mais il semble qu’avec le recul elle ne mesure pas à quel point il s’agissait réellement de cela. Que l’abus n’était pas le seul enjeu pour Michael Jackson. Ce qui est typique du rose, mais pas du vert. Le sujet vert abuseur sexuel d’enfants, lui, cherche sciemment un lieu où il pourra satisfaire ses besoins. Il y a clairement préméditation. Ce sont nos patients verts de prison qui nous le disent. Et les crimes de sang qu’ils commettent nous le montrent (voir l’Acte I à ce sujet).

Quant aux modus operandi des abus, ils coïncident entre les deux témoignages des victimes.

Comme autre signe clinique qui appuie mon hypothèse, Michael Jackson présentait des signes de persécution (il pensait qu’il faut se méfier des autres, surtout des femmes qui sont mauvaises, et il estimait que la vie ne serait pas telle qu’on le dit…). Ce signe clinique évoque la structure non symbolisante. Par ailleurs, les rôles sont confus : Michael s’adresse à James en l’appelant « son » et, à la fois, il mène une cérémonie de mariage pour se marier avec lui, dans leur chambre. Encore une façon de se comporter typique du rose et pas du vert.

Mais il faut comprendre que l’on se méprend toujours sur les intentions d’un sujet rose, lorsqu’on lit ses actes à partir de son propre point de vue (point de vue symbolisant). Pour exemple, au sujet de cette fameuse cérémonie de mariage, le réalisateur interprète manifestement l’acte de Jackson de manière erronée. Il dit, dans ce passage vidéo : « Ça c’était (…) d’une cruauté particulière », puisque James aurait vécu cela comme une promesse faite entre eux, mais qu’il fut finalement abandonné par le chanteur. En effet, cela aurait été cruel (dans le sens d’une intention de nuire) s’il y avait préméditation de la part de Jackson : donner, pour ensuite faire souffrir l’enfant en reprenant. Mais la star ne se situait pas dans cette économie psychique. Sa capacité imaginaire (Jackson se situe bien dans le registre de l’imaginaire et pas du symbolique, cf. Lacan) l’a fait inventer une cérémonie de mariage, ce qu’il a dû trouver chouette sur le moment, puis les événements ont suivi leur cours et la star s’est détachée de l’enfant. Mais il n’y a pas de lien entre les événements.

A mon sens, Dan Reed interprète faussement la manipulation de Jackson, même si cela ne remet pas en question le sentiment d’avoir été manipulé que les victimes peuvent venir opposer à de tels comportements. Un autre exemple (tiré de l’interview du réalisateur sur le site du webzine Glamour) :

Quelles responsabilités attribuez-vous aux familles des deux accusateurs ?

D.R : « Pour moi, les deux mères n’ont pas vendu leurs fils, mais elles ont été aveuglées par tout ce qu’était Michael Jackson, par son statut, son charme, sa manière d’être… Pour comprendre ces deux mamans, il suffit de regarder l’attitude des fans aujourd’hui. Ces deux mères, c’étaient des fans et elles ont complètement cru à l’histoire du chanteur. Elles ont voulu croire au mythe. Et tout les poussaient à le faire. Le mécanisme était bien rodé. Quand le rapport sexuel commençait, Michael Jackson savait que tout allait bien se passer, et c’est aussi parce qu’il ciblait les familles. Il choisissait celles qui avaient des failles ».

Dan Reed interprète donc la ruse chez Jackson, mais j’aimerais nuancer le propos puisque le sujet non symbolisant ne fonctionne pas de cette façon. Comme déjà mentionné plus haut, c’est davantage le comportement immature du chanteur qui a aveuglé ces mères. Il jouait avec leur fils comme un autre enfant l’aurait fait ! Et ce n’était pour se mettre l’enfant dans la poche, mais bien parce que sa psyché est immature.
Par ailleurs, je ne pense pas que Jackson visait sciemment certaines familles. Il était véritablement en amour (même si sa définition n’est pas la nôtre) avec ses victimes. Bien entendu, il a pu agir parce que les parents lui ont fait confiance. Les pères de ces garçons sont de structure rose (le père de Wade Robson a fini par être diagnostiqué bipolaire), ce qui ne fait évidemment pas automatiquement d’eux des abuseurs d’enfants (en effet, tous les sujets roses ne sont pas abuseurs et heureusement !). Néanmoins, ces pères se sont montrés proprement incapables de protéger leur fils : effet, quel père bleu aurait accepté que son fils mineur dorme toutes les nuits pendant des mois dans le lit de Jackson ? Les mères, elles, ont vu en Jackson un enfant démuni. Pas un prédateur.
Bien entendu, à la fin du documentaire, l’on est confrontés à l’immense sentiment de culpabilité des mères de ces garçons devenus des hommes.

Donc oui, bien entendu que Jackson peut avoir commis ces délits si l’on tient compte de sa structuration psychique. Et, au vu de la personnalité de ses victimes (crédibles), j’ai la conviction qu’il l’a fait. D’ailleurs, comment le public a-t-il fait pour ne pas comprendre son addiction aux garçons ? Il enchaînait les « partenaires de vie », des enfants, comme les images de ses tournées en attestent.

Ses fans ne peuvent l’accepter. Je les comprends. Mais ils ont tort.
La psychologie légale n’est pas l’affaire de tous. Même si chacun croit pouvoir donner son avis sur un sujet aussi complexe.

Hypothèses cliniques au sujet de cinq affaires criminelles – Acte I

La psychologie structurelle est l’outil indispensable à l’analyse et au traitement des affaires psycho-légales. Comme je l’ai déjà mentionné dans plusieurs écrits (articles sur la psycho structurelle, le profilage structuraliste, le passage à l’acte terroriste, la structure non symbolisante), il existe trois façons d’être au monde qui conditionnent de manière différentielle le type de passage à l’acte criminel et son sens. Dans le présent article, puis dans les suivants, j’évoquerai en plusieurs actes sept affaires criminelles dans le but de présenter, sans entrer dans tous les détails, la façon dont il s’agit de réfléchir sur le plan clinique pour aboutir à des hypothèses valables en terme de fonctionnement de personnalité. En un mot, pour comprendre qui a pu commettre le crime et pourquoi.

Dans l’Acte I, il s’agira de revenir sur les affaires Alexia Daval, Mary Jo Buttafuoco, Valérie Bary, Magali Delavaud et Meredith Kercher (les noms donnés sont ceux des victimes).

L’Acte II reviendra sur les allégations de pédophilie à l’encontre de Michael Jackson, et je m’appuierai sur l’indispensable documentaire Leaving Neverland réalisé par Dan Reed en 2019 pour illustrer la logique de tels abus lorsqu’ils sont commis par un individu non symbolisant (le terme est de moi, voir cet article pour un aperçu de la notion), ainsi que pour évoquer leur impact sur les victimes et leur famille.

Enfin, l’Acte III me verra donner ma conclusion relative à une énigme encore récemment en suspens pour moi : quelle est la couleur psychique de Bertrand Cantat et comment explique-t-elle la violence conjugale dont cet homme semble avoir fait preuve tout au long de sa vie amoureuse ?

Cette série d’articles profitera avant tout aux policiers, profilers, juges d’instruction, psychologues et psychiatres légaux ainsi qu’aux psycho-criminologues, mais également à toutes les personnes intéressées par les affaires criminelles et le comportement humain. Ma pratique clinique m’a montré que nombre de mes patients haut potentiel sont interpellés par ce type d’affaires. Je décèle également le haut potentiel chez de nombreux journalistes spécialisés dans le champ judiciaire. 

Je rappelle en préambule qu’ils existe trois couleurs psychiques que je définis précisément dans mon ouvrage à paraître (pour un aperçu rapide, voir le flyer de présentation des supervisions et formations que je propose aux professionnels du secteur). Dans le présent article, les génogrammes qui sont présentés en regard de chaque affaire font état de mes hypothèses relatives à la couleur psychique des individus qui les composent. Les raisons qui me poussent à diagnostiquer chaque individu sont clairement définissables mais toutes ne sont pas évoquées dans l’article. En effet, pour diagnostiquer une structure, il s’agit de tenir compte d’un faisceau d’indices, et pas de deux ou trois éléments.

Ma pratique clinique et mes recherches m’ont amenée à pouvoir, à l’heure actuelle, diagnostiquer les structures psychiques qui composent un génogramme dans une affaire familiale à partir d’une émission télévisuelle. En effet, les images et verbatim qui sont disponibles grâce à de telles émissions sont souvent suffisants. Il reste parfois des zones d’ombre, que je décline. Il est évident que la rencontre réelle avec les protagonistes et l’administration des outils de diagnostic de la personnalité restent le moyen le plus sûr de ne pas se tromper.

C’est en débutant ma carrière en prison, il y a vingt ans, que j’ai commencé à tenter de comprendre comment appréhender de manière précise la question de la structuration psychique d’un individu en lien avec son passage à l’acte. Depuis, je suis parvenue à dégager un modèle précis qui situe d’abord l’individu selon le type de rapport à la Loi qui est le sien. En effet, tel rapport diffère d’un être humain à un autre en fonction de sa couleur psychique.

Rapport à la Loi selon la couleur psychique

Il existe une multitude d’autres dimensions de l’existence au sujet desquelles les trois structures psychique diffèrent. Le flyer que j’ai édité, cité plus haut, donne un aperçu spécifique aux questions traitées dans le champ de la psychologie légale.

Affaire Daval

Prenons donc une première affaire, puisqu’elle est actuellement en cours de traitement par la justice française (la reconstitution vient d’avoir lieu, en présence des parents de la victime) : Alexia Daval est étranglée par son mari Jonathann au cours d’une dispute. Ce dernier dissimulera son corps en partie calciné sous des branchages dans un bois.

De mémoire, le documentaire qui m’a servi de base à l’analyse est celui de l’émission Chroniques criminelles (actuellement introuvable en ligne). Ce documentaire évoque également la deuxième affaire que j’analyserai, celle qui met en cause Amy Fisher dans une tentative d’homicide.

L’affaire Alexia Daval est très simple à analyser sur le plan clinique : Jonathann est rose (avant tout, c’est son immense fragilité psychique qui en atteste) et, selon mon hypothèse, Alexia est bleue. Alexia n’est pas rose, les photos d’elle en témoignent (oui, parce qu’il est possible de diagnostiquer la structure non symbolisante sur photos, je l’expliquerai dans mon ouvrage). Par ailleurs, il y a peu de chances qu’Alexia soit verte étant donné la personnalité de sa mère (la mère d’Alexia). Cette dernière est très présente dans les médias. Elle s’exprime régulièrement, ce qui permet de diagnostiquer une très probable structure bleue, qui plus est combative, facteur de protection pour sa descendance. Le père est moins présent mais il encadre son épouse. En premier hypothèse, je partirais du postulat qu’il est bleu également. Cette vidéo en ligne sur uTube est très intéressante à cet égard. On y voit Jonathann qui, comme face à toute situation qui rappelle les faits, est pris par l’émotion. Les roses émotifs n’ont pas de défenses contre l’effraction des pensées qui rappellent une douleur. Les parents d’Alexia montrent une plus grande capacité à se contenir.

Alexia Daval est donc tuée par son mari, manifestement au cours d’une dispute lors de laquelle il aurait été question de l’incapacité du couple à faire un enfant. Selon Jonathann, Alexia lui aurait reproché cela. Dans le documentaire, il est dit que des échanges électroniques attesteraient du fait que le couple se disputait à ce sujet, ou qu’Alexia le lui reprocherait. Il s’agirait néanmoins de vérifier quelle est la teneur exacte des échanges (ce qui, d’ailleurs, permettrait de vérifier mes hypothèses structurelles), pour savoir si effectivement Alexia reprochait à son mari le fait de ne pas pouvoir avoir d’enfant ou si elle lui en parlait plutôt avec déception. En effet, l’individu rose, ayant de grandes difficultés à prendre les responsabilités de la vie sur ses propres épaules (pour une question de structure, qui dépend d’une constitution neurobiologique spécifique), peut se sentir persécuté face à l’insatisfaction d’un conjoint. 

Après le crime, Jonathann va donc commencer par le maquiller pour nier les faits. Il fera ensuite des aveux, puis se rétractera, à deux reprises au moins. Il se présentera en compagnie des parents de la victime dans les événements sociaux liés au drame. Où il se montre effondré, accablé par la situation… ce qui choquera grandement une fois qu’il sera démasqué.

Le drame du rose, c’est l’image, et son enjeu, éviter les coups de bâton. Jonathann ne voulait pas décevoir sa mère. Bien entendu, tout individu est susceptible de vouloir cacher la vérité, pour des raisons liées à sa structure propre. À un moment donné, un individu qui est passé à l’acte criminel, si cet acte n’était pas prémédité, doit se déterminer au sujet de la suite à donner à son acte : cacher la tragédie ou se rendre et avouer. Beaucoup cachent la vérité, invoquant pour eux-mêmes des arguments supérieurs pour le faire. La victime ne pouvant ressusciter, peu sont ceux qui voient l’intérêt d’aller en prison. D’autant que très peu d’individus qui tuent sont issus de la structure psychique dont l’économie est basée sur le sentiment de culpabilité (la structure bleue), sentiment qui conduit à un besoin d’être puni.

Affaire Fisher-Buttafuoco

Deuxième affaire : Amy Fisher tente d’assassiner Mary Jo Buttafuoco, l’épouse de son amant. En effet, le problème de la femme rose, c’est qu’elle ne comprend pas la notion de maîtresse (la position de maîtresse est une position qui requiert la capacité d’ambivalence, absente chez les sujets de structure rose, cf. mon article « Au pied de la lettre » pour appréhender cette notion). Elle estime avoir de la chance d’être tombée sur cet homme et elle ne saisit pas que cette double vie convient bien à Buttafuoco et qu’il n’a pas l’intention de quitter sa femme et sa famille. En effet, l’homme vert ne présente pas les scrupules du bleu quand il s’agit de mener ladite double vie (ni d’ailleurs lorsqu’il est question de séduire et faire l’amour à une ado de 16 ans dans le cas de Buttafuoco).

Les amants Fisher et Buttafuoco s’exposent ensemble, des années après la tentative de meurtre, dans les médias américains. Cela répond à leur besoin narcissique. J’encourage le lecteur qui comprend l’anglais à s’intéresser aux visages, regards, attitudes corporelles et affectives et aux paroles des protagonistes (de multiples vidéos sont disponibles sur le web) : il se fera ainsi une idée de ce qui distingue les structures psychiques. Joey Buttafuoco a une grande gueule et se montre très narcissique. Quant à Amy Fisher, elle décrit les événements comme s’ils lui étaient tombés dessus et qu’elle n’en portait pas vraiment la responsabilité, ce qui est typique de la structure rose… mais sincère ! C’est bien ainsi que les sujets roses envisagent le monde : les événements se produisent à partir de ce qu’ils voient, et ils ne voient pas en eux-mêmes.

Affaire Bary

Évoquons à présent l’affaire Laurent Bary, présentée dans cette édition de Faites entrer l’accusé.

Laurent Bary a été condamné pour avoir tué sa femme Valérie à leur domicile en mars 2004. Il nie les faits. Il a simulé une scène de cambriolage peu crédible, qui questionne donc les enquêteurs, au motif qu’il aurait craint être accusé à tort du meurtre.

Plusieurs membres de la famille Bary prennent la parole dans le documentaire. Il est très clair pour moi que Chantal Bary, la mère de Laurent, est un sujet bleu qui n’est pas haut potentiel. Le fils de Bary, Kévin, est également un sujet bleu (probablement intense), ce qui semble être le cas également de Valérie, la victime. Tous les éléments penchent en faveur de cette configuration. Laurent Bary, quant à lui, est un sujet non symbolisant (rose). Il est assez rare que la seule analyse des photographies d’une personne permette de poser le diagnostic : pourtant, c’est le cas de Laurent Bary. Les autres éléments qui corroborent l’hypothèse (il s’agit en effet de toujours se baser sur un faisceau d’indices probants) sont décrits ci-après.

Bary a rencontré sa future épouse alors qu’il était brancardier dans la clinique dans laquelle ils travaillaient tous deux. C’est un ancien militaire passionné par les armes blanches. Valérie aurait été tuée à l’aide d’un couteau utilisé par son époux pour couper les volailles.

Laurent Bary s’était en effet installé à son compte pour élever des poulets. Son épouse l’aurait rejoint dans cette entreprise. Néanmoins, sur le plan financier, l’affaire ne prend pas comme prévu et le couple se retrouve avec près de 120’000 euros de crédits à rembourser. La situation est difficile, au point qu’à un certain moment Laurent Bary dort dans son camion et que Valérie cherche un appartement pour elle. Elle aurait eu le sentiment d’avoir tout sacrifié pour cette vie à la campagne alors que là n’était pas son souhait. Par ailleurs, des dissensions existent également au sujet des enfants.

Le génogramme décrit la situation familiale : quatre enfants, dont un enfant issu du couple ; les trois autres issus de l’union précédente de chaque parent. En particulier, pour une illustration parfaite de l’incapacité d’un sujet rose à appréhender correctement son rôle parental auprès d’un beau-fils, notons que Laurent Bary a trouvé pertinent de se rendre dans un poste de police pour porter plainte contre son beau-fils de douze ans, Thomas, pour propos diffamatoires. La policière en charge de la plainte a bien tenté de le dissuader et de lui proposer de privilégier des moyens éducatifs, mais il maintiendra sa demande de dépôt de plainte. Par ailleurs, il est fait état de brimades de la part de Laurent Bary à l’encontre de son beau-fils : il aurait lacéré ses baskets et volé ses livres scolaires.

Les enfants qui s’expriment dans le documentaire, soit Kévin et Laura, ne croient pas à la culpabilité de leur père. C’est également le cas de Chantal Bary, la mère du condamné. Elle dit : « Il aime trop ses gamins pour avoir fait une chose comme ça ». Sauf que ce type de passage à l’acte intervient comme une éruption non contrôlée et non préparée. Bien sûr, sans doute que Bary aurait préféré ne pas tuer son épouse, mais cela a été plus fort que lui.

Kévin estime que son père n’est pas quelqu’un de violent. Mais faut-il toujours l’avoir été pour commettre un tel crime ? Je pense à l’affaire Jean-Claude Romand (cet homme qui se faisait passer pour un médecin travaillant à l’OMS) qui n’avait pas non plus d’antécédents de violence mais qui a décimé l’ensemble de sa famille (et le chien). Et ceci, le psychiatre traitant qui a témoigné à la barre en faveur de Bary ne l’a pas compris. On ne s’improvise pas expert en matière de psychologie légale.

Pauvre Kévin qui ne veut pas entendre, parce que pour lui sans doute cela signifierait que son père est un monstre. Un monstre ou un malade ? Les gendarmes et les policiers le savent : s’il usent de la logique qui est la leur (propre), il ne résolvent pas les crimes. Les avocats et autres enquêteurs qui émettent des analyses basées sur « la façon dont on se comporte normalement », se trompent.
Le crime, c’est affaire de trouble psychique (structure rose) ou de conséquences de tels troubles (structure verte). La majorité des crimes de sang (hors terrorisme) sont le fait d’individus de structure rose.

Quelques éléments encore pour pouvoir bien cerner la personnalité du condamné : d’abord, il est question d’un homme qui aurait appris à utiliser les armes blanches au cours de sa carrière militaire. Sachez qu’il ne faut jamais laisser un individu de structure rose jouer à des jeux vidéo violents parce qu’il apprendra à tuer sans scrupules : il n’est pas capable de faire la différence entre le réel et l’imaginaire, et à prendre la distance nécessaire qui permet aux autres structures de jouer, de « faire semblant ».

À moment donné, le directeur d’enquête Claude Rousseau évoque le fait que Bary lui donne du « Mon adjudant ». Le journaliste pointe l’aspect « dur à cuire » de Laurent Bary. À mon sens, ce n’est pas cela qui se joue. Les structures psychotiques intelligentes présentent une élation narcissique et, chez eux, les règles de vie en société ne sont pas intégrées, ce qui fait que ces individus posent des actes qui sont à côté de la plaque mais que l’on prend pour des comportements de défi. Souvenez-vous que Jean-Claude Romand avait accueilli les experts psychiatres chargés de son évaluation en leur donnant du « Chers confrères » (alors qu’il n’avait jamais décroché son diplôme de médecin, pour rappel). 

A la lumière des éléments contenus dans le documentaire qui fait état de l’affaire, et des connaissances cliniques apportées par la psychologie structurelle, il est clair que Laurent Bary a le profil psychologique pour avoir commis ce crime dans des circonstances qui sont compatibles avec les éléments physiques du dossier.

Elisabeth Philiponet, Avocate générale à la Cour d’Assises de Besançon, a raison à mon sens lorsque qu’elle estime que Bary s’est sans doute persuadé de son innocence. C’est l’œuvre de ce mécanisme bien connu que l’on repère chez les individus psychotiques : le déni de la réalité. Je ne parle pas de la négation. Le sujet ne nie pas un fait connu de lui : au contraire, son cerveau a zappé l’info. J’ai vu le déni à l’œuvre très clairement lors du suivi que j’ai mené auprès d’un jeune délinquant sexuel de structure rose. Malgré ses efforts à relire avec moi le jugement des faits pour lesquels il était incarcéré, il s’est montré proprement incapable de s’en souvenir.

Bary convainc sa famille et d’autres protagonistes parce qu’il est convaincu lui-même de son innocence. C’est si typique, dans les affaires psycho-légales, de rencontrer ce tableau. En matière de protection des mineurs, c’est ainsi que les juges se fourvoient si fréquemment (pour un point sur cette question, exemple à l’appui, voir cet article).

Hypothèse conclusive : Bary aurait pu le faire et il semble bien que ce soit lui. Ce qui intrigue les enquêteurs et les journalistes, c’est le sang-froid dont il fait preuve. Laurent Bary possède à mon sens la même structure psychique que Jean-Claude Romand. Ces deux affaires ma rappellent un autre suivi que j’ai mené avec un homme qui avait failli tuer sa maîtresse avec une barre de fer. Au contact, ces personnalités sont très étranges. Pour une description clinique, lisez le grand Claude Balier sur la psychose froide. Pour un aperçu immédiat, regardez plusieurs photos de ces deux hommes sur Internet. Vous comprendrez peut-être de quoi je parle…

L’affaire Romand ne doit pas être confondue avec l’affaire Xavier Dupont de Ligonnès, même si ce dernier est également accusé d’avoir tué les siens (femme et enfants ; pas ses parents comme l’a fait Romand). XDDL possède une structure verte. Et ce cher Monsieur a disparu dans la nature… Mon article consacré à Bertrand Cantat (Acte III) vous en apprendra davantage sur la structure verte.

A moins que nous puissions déjà nous pencher davantage sur le sujet avec le meurtrier de Magali Delavaud… Encore un conjoint qui tue sa compagne. Mais, cette fois, l’individu n’est pas de structure rose.

Affaire Magali Delavaud

En novembre 2014, Magali Delavaud est retrouvée morte dans sa voiture calcinée, dans un ravin. Après avoir tenté de dissimuler son acte, son compagnon Jérôme Faye passera aux aveux en expliquant qu’il l’a tuée lors d’une dispute au sujet de l’éducation de leur fils, dispute qui aurait dégénéré.

Le crime a été maquillé de façon bien organisée. L’individu est donc quelqu’un de bien organisé psychiquement. Jérôme Faye présente une bonne capacité intersubjective, capacité qui lui permet de valider son innocence et mettre les enquêteurs sur une fausse piste. Il utilise sa capacité intersubjective au point qu’il anticipe la découverte de l’existence de sa maîtresse par les enquêteurs en parlant à la famille de Magali d’une relation uniquement platonique avec cette femme.

Selon les informations données dans le documentaire, Jérôme aurait montré de la jalousie face au fait que Magali s’occupait davantage de leur enfant que de lui : c’est typique de la structure verte que de se sentir en compétition avec sa propre descendance et de confondre le soin donné par une mère à son enfant et celui donné par une femme à son conjoint. En outre, les proches de Magali sont d’accord pour dire que Jérôme pouvait rabaisser sa compagne en public : typique du vert également.

En garde à vue, acculé, Jérôme Faye avoue. Ainsi, avant cela, il avait nié les faits. Pas dénié : il a toujours su qu’il mentait.

Il a étouffé cette femme. Manifestement un crime non prémédité là aussi. Alors, une fois sa compagne morte, que faire ? Il dira aux enquêteurs qu’il a pensé à se tuer, mais en fait il est dès après la mort de la mère de son enfant en train de préparer un alibi en envoyant des SMS à la victime…

Coup de théâtre durant le procès : un problème somatique chez Magali serait la raison qui a précipité sa mort. Je doute qu’un homme bleu aurait accepté d’opposer cette défense à son ex belle-famille…

Jérôme Faye est condamné à 25 ans de réclusion criminelle pour  meurtre… Une lourde peine en comparaison à d’autres situations. En effet : il semble que Jérôme Faye soit condamné également pour sa capacité de ruse.

L’affaire Prevosto, dans laquelle un policier tue lui aussi sa femme, présente très probablement la même configuration sur le plan des couleurs psychiques (Jacques Prevosto est vert, Marie sa femme était bleue).

Amanda Knox

J’évoquerai enfin une dernière affaire, que je ne déclinerai pas dans le détail, et qui fait l’objet du documentaire Netflix sorti en 2016 Amanda Knox. Lors de son séjour en Italie, la colocataire d’Amanda Knox est assassinée et, du fait de son comportement jugé inadéquat au vu de la situation, Amanda passera pour la coupable idéale. Pas étonnant, puisque cette femme présente une structure rose. Ainsi : Amanda Knox aurait pu commettre le crime. Mais, manifestement, ce n’est pas elle qui l’a commis. Condamnée en 2009, elle sera définitivement acquittée en 2015.

Regardez l’interview du coupable présumé (qui ne reconnaît pas les faits) dans cette émission (la première partie est ici) qui est passée sur la Rai3 : c’est très intéressant… Si vous voulez vous coller à l’exercice, j’attends votre proposition diagnostique de Rudy Guede par mail (écrivez-moi via le formulaire de contact).

Par ailleurs, j’ai l’intention de me pencher sur l’analyse de personnalité des « amants diaboliques », Aurore Martin et Peter Uwe. Accusés du meurtre du mari de Madame. Quelque chose me dit qu’ils forment un couple mixte (en couleurs)…

Lettre ouverte aux intervenants en protection de l’enfance

La protection des mineurs en danger est, pour moi, la cause la plus importante à traiter. Non pas que diminuer la souffrance adulte ne me tienne pas à cœur, les lecteurs réguliers de mes articles de blog l’auront compris. Mais si j’investis autant la cause, c’est que je me sens personnellement responsable du bien-être des enfants – de TOUS les enfants – de la Terre. De mon point de vue, chaque humain devrait être préoccupé par cette question. Sincèrement, qu’y a-t-il de plus important que la protection du développement de notre progéniture ?

Alors, intervenants de tous bords occupés par cette question, de grâce, formez-vous aux outils qui permettent d’évaluer correctement les capacités parentales de vos principaux interlocuteurs ! Et cessez de prendre des décisions non éclairées qui prétéritent le bon développement des enfants dont vous avez la charge !

La Convention internationale relative aux droits de l’enfant le rappelle : pour toute action ou décision à prendre dans laquelle un mineur est impliqué, c’est l’intérêt de ce dernier qui est supérieur à celui des autres protagonistes. Or, je peux le dire parce que l’observe au travers de ma pratique en tant que psychothérapeute mais également en qualité d’experte auprès des tribunaux et de juge assesseure de l’autorité de protection de l’enfant et de l’adulte : le constat est alarmant. Non pas que les décideurs et les évaluateurs ne cherchent pas à favoriser le bien-être de leurs pupilles, mais bien plutôt qu’ils ne possèdent pas les outils aptes à leur permettre de ne pas tomber dans les pièges tendus par la folie humaine.

Prenons un exemple, parmi des centaines d’autres que je pourrais rapporter : les collègues de mon équipe et moi-même traitons en expertise de la situation d’une enfant en bas âge dont le père est mythomane et dont la mère n’a comme particularité psychique que le fait d’être un sujet haut potentiel (pour une explication du terme, voir mon article de blog). Sauf à tenir compte de ce point précis, l’on peut dire que cette mère est tout à fait normale puisqu’elle possède une structure psychique saine. Pourtant, c’est elle qui passe – aux yeux non avertis des juges – pour le parent non compétent. Pourquoi ? Parce que la psychose du père fausse la donne ! Le sujet mythomane (le mythomane n’est pas un menteur : en effet, il n’a pas conscience d’inventer les faits tel que cela arrange sa psyché) est tellement sûr de lui que tous le croient ! Il ne possède pas de culture du doute qui permettrait que l’on attaque ses convictions (comme c’est justement le cas de la mère, qui est déstabilisée et encore traumatisée de sa relation avec un homme capable d’inventer une néo-réalité à chaque fois que la réalité s’oppose à l’image que ce dernier souhaite préserver de lui-même). Nous avons décrit la psyché de chaque parent dans un très détaillé rapport adressé au juge qui nous avait mandatées, et pointé la dangerosité du père. Ce président de l’autorité de protection de l’enfant s’est montré tout à fait surpris par nos conclusions. Et pourtant, nous ne nous étions pas trompées. La suite de l’histoire nous donnera raison sur le danger réel que représente ce parent mythomane pour sa fille.

Je pense également à la situation de ce père que nous avons reçu en expertise et qui se battait corps et âme pour avoir le droit de continuer à honorer les visites à sa fille, domiciliée à 150 km de chez lui, puisque la mère de l’enfant  lui mettait des bâtons dans les roues (elle pensait sincèrement que le père était dangereux pour leur enfant). Le dossier désignait cet homme comme violent, non respectueux des lois, possesseur d’armes : ma collègue et moi nous étions dès lors préparées à un entretien difficile, d’autant que les nombreuses vexations liées au traitement du dossier de son enfant avaient eu raison de la patience de ce père et qu’il s’était de ce fait montré assez désagréable avec ma collègue au téléphone avant ce premier entretien. Et pourtant : nous avons rencontré un individu qui constituait pour l’enfant une véritable ressource. Faisant véritablement sa connaissance, étudiant son histoire et évaluant sa structure psychique, nous avons découvert chez cet un homme un cœur en or derrière une carapace de protection que la vie l’avait obligé à ériger. Lui-même avait grandi avec deux parents psychotiques de structure, ce qui l’avait conduit à devoir fréquenter les foyers d’éducation dans sa jeune vie.

J’avais tellement à cœur de lui rendre justice que je n’aurais manqué la séance de compte-rendu expertal sous aucun prétexte, si heureuse de pouvoir lui annoncer nos conclusions. Et soulagée de savoir ce père présent pour cette enfant. La structure psychotique de la mère avait fait prendre à cette dernière les manifestations comportementales de la souffrance psychique de son ex-partenaire pour des dangers. Elle avait pris les signes extérieurs de protection qu’il avait dû ériger au pied de la lettre (pour une explication de ce phénomène, voir mon article de blog). Elle n’était pas à blâmer, parce qu’elle n’avait aucune intention de nuire. Elle était seulement persuadée, à tort, de la malveillance du père. Elle était hors réalité, interprétative et parano. En un mot, elle était folle. Je considère d’ailleurs que ce type de parent (l’on peut, selon mes derniers calculs, situer la prévalence de la personnalité non symbolisante à 15% de la population) ne possède pas la capacité de discernement lui permettant de se positionner correctement sur les éléments relationnels qui contribuent au bien-être d’un enfant.

Dans la droite ligne dessinée par mon explication au sujet de la façon qu’ont ces individus de prendre les choses « au pied de la lettre », j’observe que divers types d’éléments sont mal lus par ces personnalités. En effet, outre les signes extérieurs du père non compris par la mère de l’enfant, le statut de leur relation était également, pour cette dernière, impossible à appréhender. Ces parents n’avaient pas formé un couple ayant projet de famille, du point de vue du père. La rencontre s’était faite sur des motivations d’ordre sexuel. Mais dès lors que l’enfant est arrivé et que le père s’en est préoccupé, la psyché de la mère a lu la situation tout différemment. En effet, nombre de femmes non symbolisantes pensent être en couple avec un homme qui donne de la présence tout en se situant, sur le plan amoureux, dans un tout autre registre, mal compris par la partenaire. J’y reviendrai plus précisément dans mon livre à paraître.

Ainsi, je suis frappée par le nombre de dossiers en protection des mineurs auxquels j’ai eu accès et dans lesquels des décisions étaient prises en défaveur du bon développement de l’enfant, et ce en raison du fait que le parent sain était mal compris et que le parent moins compétent était suivi dans son délire. Mais je ne jette la pierre à personne. J’ai moi-même travaillé il y a plusieurs années de cela pour le Service vaudois de protection de la jeunesse et, alors, je peinais encore à tout appréhender avec précision. Cela ne fait qu’une année maintenant que la lecture des situation familiales est véritablement devenue limpide pour moi. Il a fallu un très long travail de recherches cliniques et d’élaboration d’une théorisation qui tienne la route et qui fasse ses preuves, pour aboutir. Et surtout, surtout, accepter de m’être trompée jusque-là.

Un autre écueil que je repère chez les intervenants en protection des mineurs, sans doute dû à la philosophie de leurs études et à leur méconnaissance encore patente des découvertes des neurosciences (méconnaissance encore très prégnante en Europe francophone) est la croyance dans les capacités d’amendement de parents manifestement pas aptes à déployer des compétences parentales minimales en faveur de leurs enfants.

Alors, chers collègues en charge de la protection du bon développement de notre progéniture, celle de notre espèce, celle de notre communauté humaine, ne voudriez-vous pas vous former correctement à l’évaluation des compétences parentales ? Si c’est le cas, étudiez ce flyer et contactez-moi. Nous serons ravies de partager avec vous notre savoir et notre expertise en la matière.