Il me tient à cœur de présenter les outils d’investigation de la personnalité utilisés par les psychologues et, pour la plupart de ceux recensés dans cet article, créés par eux. La psychologie étant historiquement issue de la philosophie, son paradigme de base est l’étude de la psyché humaine, qu’elle soit normale ou pathologique. Dès lors, les tests psychologiques s’intéressent d’abord aux réponses données par la majorité des individus, puis étudient de manière détaillée celles qui dévient de la norme (au sens statistique), en se posant la question du sens de ces « symptômes ». Tour d’horizon des principaux outils d’investigation de la personne adulte.
Différentes dimensions de la personnalité sont investiguées par les psychologues. En vrac : l’intelligence (dimension qui en comporte une foule d’autres), les représentations, les projections, les perceptions, les réflexes, les inhibitions, les valeurs, les intérêts, etc. Les tests psychologiques sont la plupart capables de donner des indications au sujet de plusieurs dimensions. Pour exemple, l’échelle d’intelligence de Wechsler pour adultes, dénommée WAIS (Wechsler Adult Intelligence Scale), permet à la fois de déterminer le niveau général atteint par l’individu au sujet de différentes tâches demandant différentes capacités cognitives mais également, selon une lecture clinique des réponses, d’observer certaines projections et représentations du sujet testé. Pour une présentation de la dernière version de cette échelle, soit le WAIS-IV, voir l’article d’une femme HP sur son blog.
Au contraire de la psychologie, la psychiatrie, étant issue de la médecine, s’intéresse avant tout à un faisceau de signes qui a valeur de maladie. Les questionnaires dérivés des classifications internationales des maladies (DSM – Diagnostic and Statistical Manual of Mental Disorders et Classification Internationale des Maladies – CIM), destinés à diagnostiquer des troubles dûment référencés, répertorient les symptômes qui y sont associés. D’autres tests classiquement utilisés en psychiatrie, comme par exemple l’échelle de dépression de Beck, sont davantage destinés à évaluer un état actuel que les traits constants d’une personnalité. Par ailleurs, il n’existe pas de tests psychiatriques construits de façon à diagnostiquer la structure psychique profonde de la personne, comme c’est l’ambition des tests dits « projectifs », puisque la notion de structure n’est pas compatible avec la logique interne à la discipline psychiatrique. Pour une explication du concept de structure de la personnalité, voir mon article Pourquoi la psychologie structurelle ?
Les tests projectifs classiques sont le Thematic Apperception Test (TAT) de Murray (les planches représentent des scènes de la vie) et le test du Rorschach, parfois dénommé, par souci de vulgarisation, « test des taches d’encre ». Ce dernier outil est fréquemment représenté dans les films américains (vous savez, la plupart des personnages y voient des papillons !). Le Rorschach est avant tout un test perceptif et son utilisation dans une optique projective est sujette à caution. Le système américain de dépouillement et d’analyse des réponses au test, système Exner, au contraire de l’école française, envisage le Rorschach en tant que test perceptif. En effet, il n’a pas l’ambition d’interpréter les réponses des sujets à un niveau symbolique. L’interprétation symbolique des réponses au test mène non seulement à un mauvais accord entre des examinateurs différents, mais aussi à des erreurs diagnostiques ; malgré cela, l’apport théorico-clinique de cette lecture reste pertinent. J’explique comment j’en suis arrivée à cette perpective dans l’ouvrage de psychopathologie en cours de rédaction que je prévois de publier prochainement.
Le diagnostic précis permet d’orienter le sujet (ou la justice dans le cas de la pratique expertale) vers le traitement le plus adapté.
La personnalité humaine étant multidimensionnelle, j’estime pour ma part que pour établir un diagnostic qui soit complet, il est nécessaire d’associer les résultats de plusieurs tests. Ainsi, il s’agit pour moi de toujours s’organiser pour déterminer trois dimensions majeures de l’individu :
- sa structure de personnalité
- ses capacités cognitives (telles qu’évaluées par le seul test d’intelligence ou test du QI sérieux, parce que correctement construit statistiquement, soit l’échelle WAIS)
- ainsi que la présence éventuelle d’un trouble psycho-organique (dû en principe à une lésion au niveau du cerveau), trouble qui permet d’expliquer certains symptômes comme par exemple la désinhibition d’un processus cognitif
Virginie Kyburz / 19.10.2015